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BIOGRAPHIE NATIONALE.

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9 197-

BIOGRAPHIE NATIONALE

PUBLIÉE PAR

L'ACADÉMIE ROYALE

DES SCIENCES, DES LETTKES ET DES BEAUX-ARTS

DE BELGIQUE.

TOME SIXIEME.

?"^*Î^^S

BRUXELLES,

URUYLANT-CimiSTOPHE & C», IMPRIMEURS-ÉDITEURS,

RIE n.lkES, Ô3.

1878

B16L10THECA

C7

LISTE DES MEMBRES

UE LA COMMISSION ACADÉMIQUE CHARGEE DE LA PUBLICATION DE LA BIOGRAPHIE NATIONALE.

(JUILLET 1878.;

MM. P.-J. van Beneden, délégué de la classe des sciences, président. Alph. Wauters, délégué de la classe des lettres, vice- président.

E. De Busscher, délégué de la classe des beaux-arts, secrétaire .

F. Stappaerts, délégué delà classe des beaux-arts, secrétaire-adj . L. De Koninck, délégué de la classe des sciences

G. Dewalque, délégué de la classe des sciences.

Le lieut. -général Liagre, délégué delà classe des sciences.

Ed. Morren, délégué de la classe des sciences.

M. -P. Gachard, délégué de la classe des lettres.

J. Heremans, délégué de la classe des lettres.

Th. Juste, délégué de la classe des lettres.

Alph. Le Roy, délégué do !a classe des letties.

Alph. Balat, délégué de la classe des beaux arts.

Le chev. Léon de Burbure, délégué fie la classe dos beaux arts

Ad Siret, délégué de la classe des beaux-arts.

LISTE DES COLLABORATEURS

DU SIXIÈME VOLUME DE LA BIOGEAPHIE XATIOXALE.

Arenbergh (E. van), littérateur, àLouvain.

Alvin (Aug.), préfet honoraire des études de l'Athénée, à Liège.

Alvin (L.), membre de l'iVcadémie royale de Belgique, conservateur en chef de la Bibliothèque royale, à Bruxelles.

Beneden (P.-J. van), membre de l'Académie royale de Belgique, professeur à l'université de Louvain.

Borchgrave (Emile de), membre de l'Académie royale de Belgique, conseiller de légation, à Berlin.

Bormans (Stan.), correspondant de l'Académie royale de Belgique, conserva- teur des Archives de l'État, à Namur.

Burbure (le chevalier Léon de), membre de l'Académie royale de Belgique, à Anvers.

De Busscher (Edmond), membre de l'Académie royale de Belgique, archiviste de la ville de Gand.

Delecourt (Jules), vice-président du tribunal de première instance de Bruxelles.

De Pau"W (Nap.i. procureur du roi, à Bruges.

. LISTE DES COLLABORATEURS.

De Smet (le chanoine J.-J.), membre de l'Académie royale de Belgique, àGancl.

Dewalque (Gustave), membre de l'Académie royale de Belgique, professeur à l'université de Liège.

Dumont (J.), inspecteur général de l'enseignement moyen, à Bruxelles.

Even (Edw. van), archiviste de la ville de Louvain.

Galesloot (L.), chef de section aux archives générales du royaume, à Bruxelles.

Génard (P.)» archiviste de la ville d'Anvers.

Goffart (Alfred), greffier adjoint du tribunal de première instance de Liège.

Goovaerts (AJf.), bibliothécaire adjoint de la ville, Anvers.

Guillaume (le lieut. -général baron), ancien ministre de la guerre, aide de camp du roi, membre de l'Académie royale de Belgique, à Bruxelles.

Helbig (H.), homme de lettres et bibliographe, à Liège.

Jacques (Victor), docteur en médecine, à Bruxelles.

Juste (Théodore), membre de l'Académie royale de Belgique, conservateur du Musée royal d'antiquités, à Bruxelles.

Kerchove de Denterghem (Oswald de), avocat, gouverneur de la province du Hainaut, à Mons.

Kervyn de Volkaersbeke (baron), ancien membre de la Chambre des repré- sentants, bourgmestre de Nazareth (Gand).

Le Roy (Alph.), mjmbre de l'Académie royale de Belgique^ professeur à l'uni- versité de Liège.

Loise(Ferd.)j correspondant de l'Académie royale de Belgique, professeur à l'athé- née royal, à Mons.

Lonay, instituteur, à Verviers.

Marchai (le chev. Edmond), secrétaire adjoint de l'Académie royale de Bel- gique, à Bruxelles.

Morren (Edouard), membre de l'Académie royale de Belgicpie, professeur à l'université de Liège.

Nève (Félix), membre de l'xVcadémie royale de Belgique, professeur à runiver- sité de Louvain.

Nypels (Guillaume), membre de l'Académie royale de Belgique, professeur à l'université de Liège.

Piot (Ch.-G.-J.), correspondant de l'Académie royale do Belgique, archiviste adjoint aux Archives générales du royaume, à Bruxelles.

LISTE DES COLLABORATEUES.

Eahlenbeek (Gh.), homme de lettres, à Bruxelles.

Renier, à Verviers.

Reusens (le chanoine E.), professeur-bibliothécaire de l'université de Louvain.

Rivier (Alph.), associé de l'Académie royale de Belgique, professeur à l'uni- versité de Bruxelles.

Roulez (J.-E.-G.), membre de l'Académie royale de Belgique, administrateur- inspecteur honoraire de l'université de Gand.

Siret (Ad.), membre de l'Académie royale de Belgique, commissaire d'arrondis- sement, à Saint-Nicolas.

Siret (Paul), littérateur, à Saint-Xicolas.

StappaertS (Félix), membre de l'Académie royale de Belgique, professeur hono- raire d'archéologie à l'Académie des beaux-arts de Bruxelles.

Stecher (J.), correspondant de l'Académie royale de Belgique, professeur à l'université de Liège.

Tasset (Emile), graveur, à Liège.

Terry (L.), correspondant de l'Académie royale de Belgique, professeur au Con- servatoire royal de Liège.

Thonissen (J.-J.), membre de l'Académie royale de Belgique et de la Chambre des représentants, professeur à l'université de Louvain.

Vander Meersch (Aug.), avocat et homme de lettres, à Gand.

Varenbergh (Emile), archiviste de la province de la Flandre orientale, secré- taire de la rédaction du Messager des sciences historiques, à Gand.

"Wauters (Alph.), membre de l'Académie royale de Belgique, archiviste de la ville de Bruxelles.

D

DE 'Vt'iLDE {Bernard), architecte et dessinateur habile, qui dirigea pendant plusieurs années les constructions éle- vées par l'administration communale de la ville de Gand. Il y était en 1691 et n'avait, par conséquent, que vingt-six ans quand il fit bâtir, en 1717, au Marché aux Grains, sur l'ancien empla- cement du Chàtelet, un vaste bâtiment servant d'entrepôt et qui est actuelle- ment occupé par le Poids de la ville. C'est également d'après ses plans qu'on construisit la maison de la Corporation des mesureurs de draps {Jtet laken meeteris htiys), située Marché du Vendredi. Un assez grand nombre d'autres édifices lui furent dus , mais les deux que nous venons de citer suffisent à caractériser son mérite et à reconnaître que De Wilde savait appliquer avec goût, avec sobriété, et avec une certaine ampleur, le style très-maniéré de son époque. Le temps lui a cependant manqué pour donner toute la mesure de ses forces, la mort l'ayant enlevé en 1740, alors qu'il était encore dans la plénitude du talent.

F. Stappaerts.

DE ^iviLDE (Gilles), miniaturiste, historien, écrivain ecclésiastique, probablement dans le Brabant, mort en 1.503. Il fut chanoine régulier de l'ordre de Saint-Augustin, de la maison de Kouge-Cloître, près de Bruxelles, il passa la plus grande partie de sa vie dans l'étude; vers la fin de ses jours, il fut cependant envoyé au couvent de

ItlOf.R. NAT. T. VI.

Sainte-Barbe, à Tamise, dont la direc- tion était ordinairement confiée aux religieux de son monastère. C'est qu'il termina sa carrière. On lui doit divers ouvrages, faits avec grand soin et qu'il se plaisait à illustrer de miniatures dues à son habile pinceau; ce sont pour la plupart des tableaux de morale. Il composa aussi une description de la terre promise, ainsi que des généalogies des ducs de Brabant, depuis les temps les plus reculés jusqu'à son époque.

Aug. Vander Meersth.

Goethals, Lectures relatives à l'histoire des sciences, t. I, p. 3:2. Piron, Levensbeschryvin- gen.

DE ^viiiDE {Jean), poëte latin, pré- dicateur, né à Gand en 1360, mort en 1417. Voir Jean de Wilde.

DE^viLDE (/m«), homme de guerre, dans le Limbourg, tué en 1468. Voir HoRXES {Jean de).

DE ^viT {Gaspard), peintre paysa- giste, né à Anvers en 1621, mort à Amsterdam en 1673, selon quelques biographes, en 1681, selon d'autres. Il reçut sa première éducation dans la maison paternelle, car il appartenait à une famille d'artistes; puis, afin de se perfectionner dans son art, il se rendit en France et en Italie. C'est dans cette dernière contrée que son talent se déve- loppa entièrement sous l'influence d'un illustre maître : il obtint des leçons de Claude Lorrain et devint l'un de ses plus habiles imitateurs. Comme cet

l

DE WIT DE WITTE

admirable peintre, il excellait à repro- duire l'aspect des ruines et savait, tout à la fois, par l'harmonie du coloris et le caractère du dessin, prêter à toutes ses compositions le charme de la poésie. Elles lui valurent, promptement, une réputation en Italie même : Fiorillo le range parmi les paysagistes les plus renommés; et cependant son séjour à l'étranger ne put être long, puisque dès 1650, c'est-à-dire à l'âge de trente ans, il était reçu et inscrit à la gilde de Saint-Luc, à Anvers, comme « fils de maitre « . Il vécut plusieurs an- nées dans sa ville natale ; on l'y trouve inscrit, en 1657, comme un des consuls de la confrérie de la Sainte -Vierge; mais on ne saurait préciser l'époque à laquelle il alla s'établir à Amsterdam, ville où, comme nous l'avons indiqué, se termina sa carrière. Il nous paraît dou- teux qu'il y fût déjà fixé au moment l'on exécutait son portrait, qui figure parmi ceux du Gulden kaoinet publié par De Bie, et qui porte, indépendam- ment de vers louangeurs, les inscriptions Suivantes :

A. GOEBOU pinx. ; RiCH. CoLLiN sculp. 1662. F. Slappaerls.

Immerzeel, Levens der Schilders. Siret, Dict. des peintres.

DE V¥iT (Pierre) f peintre paysagiste, à Anvers en 1620, mort à Kome en 1669. Ainsi que son frère Gaspard, dont la notice biographique précède celle-ci, il se plut à reproduire les beaux sites de la nature méridionale en les caractérisant, à la manière de Claude Lorrain, par la représentation de pitto- resques ruines. Cette imitation sympa- thique du maître français ne l'empêcha pas d acquérir une honorable notoriété dans le pays s'écoula la plus grande partie de son existence; son nom, lati- nisé et traduit par celui de Petrns Albus, y était, au contraire, fort connu; son long séjour à Kome l'avait en quelqiie sorte naturalisé, et il y fut inhumé dans l'église Santa-Croce, en laissant, par son décès prématuré, de vifs regrets.

Notre artiste ne doit pas être con- fondu, comme le fait observer Nagler,

avec un autre Pierre De Wit, d'une époque antérieure, mais également pein- tre de paysage. Il importe encore plus de ne pas le confondre avec un de ses homonymes, infiniment plus célèbre et connu sous le nom italianisé de Petro Candido (voir la biographie de ce der- nier, page 15).

F. Slanpaerts.

DE WITTE (Egide ou Gilles), connu aussi sous le nom latinisé de Cakdidus ou Albanus, théologien janséniste, à Gand le 21 février 1648, mort à Utrecht le 7 avril 1721. Il fit ses huma- nités au collège des Jésuites de sa ville natale et étudia ensuite la théologie à l'université de Louvain, il eut pour compagnon le célèbre Martin Steyaert, avec qui il se lia de la plus étroite amitié. A la promotion générale de 1666, il fut le cinquième de la première ligne; on sait que les élèves ainsi classés étaient considérés comme les égaux du pre- mier. Doué de qualités excellentes. De Witte avait le malheur d'être irritable. Il n'avait pas encore achevé ses cours, que déjà il se disputait avec le P. Estrix. Un chanoine pénitencier de l'évêché de Gand, le P. Van Buscum, ancien pro- fesseur de De Witte, avait composé, pour celui-ci, un écrit donnant les règles à suivre dans l'étude de la théologie; il y recommandait d'éviter les locutions non consacrées par l'Ecriture et surtout » de jurer par la parole du maître ». Le P. Estrix critiqua cet opuscule; De Witte lui répondit et commença, dès lors, avec les jésuites, cette longue et déplorable lutte qui abreuva ses jours de dégoûts, et, peut-être aussi, de ridi- cule.

Quelques mois après cette dispute, en 1673, De Witte fit sa licence en théologie; il se rendit ensuite à Paris pour s'instruire de la doctrihe de Port- Royal, s'y lia intimement avec Arnauld et travailla sous sa direction à étendre ses connaissances. Elevé dans les doc- trines de Jansénius et imbu, même avant son départ pour Louvain, de ses prin- cipes, son séjour à Port-Royal ne fit que le confirmer dans la conviction que la doctrine de V Au(/ustitiu8 avait été, dès le

DE WITTE

Commencement de l'Eglise, le fondement de la foi catholique. En 1684, peu après son retour dans les Pays-Bas, il fut nommé doyen et curé de l'église de Notre-Dame au delà la Dyle, à Ma- lines. Se trouvant, l'année suivante, à un fepas donné à l'occasion des funérailles d'un médeciil, il y rencontra trois con- frères du défunt, attachés au parti des jésuites et qui amenèrent la conversation sur l'autorité du pape, sur son infailli- bilité et sa suprématie sur le concile gé- néral; De Witte soutint l'opinion con- traire, et cette causerie, quoique faite dans l'intimité, ayant été ébruitée, fit sensation. Les ennemis du doyen en pro- fitèrent; leur conduite indigna les hon- nêtes gens; et l'archevêque Alphonse de Berghes, qui n'aimait guère les jésuites, s'efforça d'étouftér l'affaire avant qu'elle eût un plus grand retentissement. Mais De Witte, ayant soutenu ses opinions jatisénistes dans divers écrits et conti- tiuant à les défendre avec chaleur, même après leur condamnation par les papes Innocent X et Alexandre YII, fut dé- itOncé; il ne se soumit pas et en appela an jugement d'un concile œcuménique. L'appel fut désavoué par la faculté de théologie de Lonvain, qui lui contesta be droit par acte du 30 novembre 1685, et l'auteur eut à comparoir devant la cour ecclésiastique ; l'affaire traîna en longueur; des pamphlets pour et contre parurent en gtand nombre.

Lami de De Witte et son protecteur, Alphonse de Berghes, le dernier défen- seut des libertés du peuple, étant venu à mourir, son successeur Guillaume de Precipiano se déclara contre les jansé- nistes, et la doctrine relâchée fut dès lors ëtl haute faveur. De Witte prit à tâche critiquer tous les actes de ce prélat ; mais, voyant que cette lutte inégale ne pouvait avoir qu'un résultat fiîcheux pour lui, il donna sa démission de sa cure de Malines, vint, au commence- metit de 1 691 , à Gtind, et résida quelque temps chez son arai le cuté d'Andeghem, près d'Andenarde.

Le 30 janvier 1692, le gouverneur de cette dernière ville envoya son secré- taire accompagne d'un adjudant et de

quarante soldats, à Audeghem chez le doyen, qui avait accordé un asile à De Witte. On n'en voulait aucunement à sa personne, qu'on jugeait trop extra- vagante pour être dangereuse, mais on s'empara de ses livres, de ses papiers qui furent portés chez le gouverneur et examinés par le recteur des jésuites, en présence de deux échevins choisis, à cet effet, par le magistrat d'Audenarde. Im- médiatement le bruit courut qu'on y trouvait la trame d'une conspiration contre l'Etat. Dans ces circonstances. De Witte résolut de s'expatrier : il partit avec son collègue André Vauder Schuere pour Utrecht, Arnauld et Quesnel étaient déjà arrivés. Deux ans avant sa mort, il renonça entièrement à s'occuper des affaires de l'église d'U trecht et expira à l'âge de soixante-treize ans. Son corps fut transporté à Warmond près de Leyde, et enterré dans le tombeau du P. Ques- nel. Par son testament, il légua à Ph. Yerhulst, depuis professeur du sé- minaire d'Amersfoort, tous ses écrits, ses livres et papiers.

Il avait publié en 1696, en flamand, le Nouveau Testament, les Psaumes de David et d'autres livres de la Bible, ainsi qu'une traduction de l'Imitation de .lésus-Christ. Martin Stej^aert, son compagnon d'études et son ami, ayant critiqué quelques passages de cette ver- sion. De Witte lui répondit de la manière la plus brutale, et la mort de son adver- saire n'apaisa point son ressentiment. Ce fut De Witte qui écrivit l'apologie de Pierre Codde, vicaire apostolique d'Utrecht et archevêque de Sébaste, quand celui-ci refusa an saint-siége de tondamner les cinq thèses de Jansénius. Cet écrit portait pour titre : Groote apologie ofte verJediyschrifl van den H. H. Peints Codde, behehende de opirer- pingen hem te Rome roorgedragt-n, te mmen met zyne anticoorden, en eenige voordere terdedigingen voor de zelfde. 1702, in-4o. On cite encore son Benun- ciatio solemnis Bulhe Vikeam Domini S.\BBAOTn jhcta universœ ecelesiee. Il regardait cette bulle comme une œuvre des ténèbres, digne d'être adoptée et préchée par l'Antéchrist.

DE WITTE

Il avait conçu le dessein de faire une nouvelle édition de V Aiigustinus de Jan- sénius, dont l'impression et le papier pussent témoigner de la haute estime qu'il professait pour ce livre, et de le faire précéder d'une préface historique. Il travailla à cet ouvrage, mais il ne put l'exécuter, la mort l'ayant surpris.

Ses écrits de polémique religieuse sont nombreux; on eu compte plus de cent quarante; presque tous sont em- preints de la passion qui les a dictés. Ils ont été publiés pour la plupart sous des noms empruntés. Comme ils ne repré- sentent plus guère qu'un intérêt histo- rique, il parait inutile de les citer. Goethals {Histoire des lettres, t. I), qui entre dans de longs détails sur la vie de l'auteur, en donne une liste assez complète. (Voir aussi Barbier, Diction- naire des a7iotiymes.) Le plus grand et le meilleur ouvrage de De Witte est la traduction de la Bible d'après la Vul- gate, qui parut sous le titre de : Byiel na de Vulgate vertaeit met l-orte verkla- ringen opgehelderd. Brussel, 1717, deux volumes in-folio.

Tous les écrits de De Witte se signa- lent par la vivacité des attaques contre la bulle TJyngenitns. Homme de mérite, bon orateur, doué d'une activité prodi- gieuse, mais exalté et entraîné par de fortes convictions vers la défense des principes condamnés par le saint-siége, il mena une vie agitée et dut abandonner ses relations de famille. Depuis son séjour en Hollande, son caractère, si irritable déjà, s'aigrit au point qu'il ne souffrait aucune contradiction et luttait avec la même animosite contre ses amis et ses ennemis. L'âge ne ralentit même point cette exaltation, et son zèle incon- sidéré lui aliéna ses partisans, qui, au moment ils désiraient un accommo- dement avec l'Eglise romaine, le considé- raient comme un dangereux obstacle. Il mourut réduit à une solitude complète.

Aug. Vandur Meersch.

Le Clerc, Idée de lu vie et des écrits de Jl G. De Witte, pasteur et doyen dans la ville de Malines, Home AmsL), 1756, in-12. Patouillet, Diction- naire des livres jansénistes. De Feller, Diction- naire historique. Goethals, Histoire des lettres, t. I. Delvenne, Biographie des Pays-Bas. Bloramaert, yedcrduitsche Schryvcrs van Cent.

»E '««'ITTE (Gérard), ou Candidus, chroniqueur, à Anvers au xvie siècle. Il est l'auteur d'un journal relatant les événements les plus remarquables sur- venus dans les Pays-Bas, depuis le mois d'avril 1566, jusqu'au mois d'août 1579. Cette relation se trouve comprise dans la deuxième partie des Annales seit Histo- ri(e rermn belgicaruM a diversis auctori- hus descriptœ (publié par Feyerabend à Francfort, en 1580, in-folio, et dont une seconde édition parut en 1583); mais comme elle y est insérée sans être pré- cédée d'un titre, il est assez difficile de décider l'œuvre de Gérard De Witte commence et elle finit.

Aug. Vander Meersch.

Sweertius, p. 278. Paquot, Mémoires litté- raires, t. I, p. 71. Foppens, Bibliotheca bel- gica, t. 1, p. 347. Dewiud, Bibliotheek der ne- derlandsche geschiedschryvers, p. !2oo.

DE '%viTTE (Gilles), sculpteur fla- mand, travailla à Gand vers le milieu du xvie siècle, puis à Bruges, l'on croit qu'il séjournait lors des premiers excès commis, à Gand, par les icono- clastes (1566). Le livre matricule du métier des peintres, sculpteurs et ver- riers de cette ville renseigne de nombreux artistes de ce nom pour la période anté- rieure à 1540, époque de l'insurrection des Gantois. La corporation artistique, jointe au métier des merciers par la con- cession Caroline, fut longtemps désorga- nisée, et les troubles religieux étant survenus, les membres se dispersèrent. L'enregistrement régulier des francs- maîtres fut ainsi interrompu jusqu'en 1583; mais, si l'année de l'affiliation pro- fessionnelle de Gilles De Witte, à Gand, est ignorée, nous connaissons du moins deux de ses œuvres, décrites dans des documents contemporains : années 1554 et 1576. L'une d'elles, même, existe encore, et témoigne d'un talent fort dis- tingué.

L'œuvre de 1554, exécutée pour la collégiale de Sainte-Pharaïlde, à Gand, constituait un retable d'autel, « en pierre de touche et albâtre (marbre noir et blanc) » . Au centre se voyaient le Christ en croix, le Fère éternel et la Résurrec- tion, le tout surmonté de deux autres

DE WITTE

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représentations sculptées : le Sacrifice d' Abraham et V Elévation du serpent d'ai- rain. Ce remarquable travail fut brisé en 1579, par les sectaires.

La seconde production due au ciseau de Gilles De Witte est le Cénotaphe de messire Jean De Schietere et de dame Catherine De Damhoudere, son épouse, posé en 1577 dans l'église de Saint- Sauveur, à Bruges. Ce monument funé- raire est mentionné dans V Inventaire artistique de la Flandre occidentale (1852) et la convention conclue avec l'artiste, en 1576, a été publiée dans les Annales de la société brngeoise d'émulation, avec une reproduction gravée, d'après le des- sin de l'architecte Rudd. Le soubasse- ment est en pierre, ainsi que les colonnes; les statuettes sont en marbre. Dans le compartiment central, accosté d'écussons armoriés, le mari et la femme sont age- nouillés au pied du Crucifix; derrière eux, et debout, Saiiit Jean et Sainte Catheriyie. Le cénotaphe paraît avoir subi des mu- tilations, car dans la convention il est parlé de « statuettes d'enfants, placées sur des socles « , et qui n'y figurent plus maintenant.

Eu 158-i, Gilles De Witte n'habitait plus Bruges, ou était décédé. Son œu- vre, qui avait été mise en sûreté durant la seconde période des troubles reli- gieux, fut reintégrée, cette année-là, dans l'église de Saint-Sauveur, sans sa coo- pération. Edm. De Busscher.

Archives communales de Gand, Registre aux actes scabniaux, \oy>i. Chan. Carlun, Annales de la Société d'émulation de Bruges, t. l""". Inventaire des objets d'art des églises et des éta- blissements publics de la Flandre occidentale, 18o-2. Architecte Rudd, Monuments de Bruges.

DE ^'ITTE {Jean), dit Albus, moine dominicain et évêque, naquit à Bruges le 6 août 1475 et mourut dans la même ville le 15 août 1540. Il appar- tenait à une ancienne et noble famille ; comme, en ce temps-là, la noblesse fla- mande ne dérogeait pas en se livrant au commerce, ses parents l'y destinèrent et l'envoyèrent, àcetett'et,en Espagne; mais le jeune homme, se sentant plus entraîné vers le calme de la vie du cloître que vers le tracas des attaires, se retira dans un couvent de dominicains. Sa destinée

n'était pas cependant d'y vi\Te dans l'oubli; Philippe le Beau ayant trans- féré sa cour en Espagne, après avoir été reconnu souverain de ce pays, chercha pour ses filles un précepteur qui sût le flamand et qui pût leur enseigner l'es- pagnol; il jeta les yeux sur Jean De Witte, qui s'acquitta si bien de sa mis- sion, qu'il laissa à la cour les meilleurs souvenirs.

Le frère de ses élèves, Charles-Quint, étant devenu empereur, le nomma à l'évêché de Cuba, l'église de Saint- Jacques venait d'être érigée en évêché par Adrien VI, à la demande de l'empe- reur, ail mois d'avril 1523. D'après Fontana, Albus, ou plutôt De Witte n'aurait été que le troisième évêque de Cuba, tandis que Sanderus soutient qu'il en a été le premier. Il fit beaucoup de bien dans son diocèse, y propagea l'Evangile et bâtit une cathédrale qu'il vit achever et qu'il consacra lui-même.

Charles-Quint le rappela ensuite à la cour, il fut nommé confesseur et aumônier de la reine Eléonore, son an- cienne élève ; mais De Witte en était venu à un âge l'on n'aspire plus qu'au repos : il obtint de se retirer à Bruges, sa ville natale, au milieu de sa famille; sa demeure, qu'il y fit bâtir lui- même, était dans la rue de l'Eekhoute.

A sa demande, le pape lui accorda la dispense nécessaire pour disposer de ses biens; car, comme religieux, il ne le pou- vait et il désirait consacrer sa fortune, qui était considérable, à la propagation des études dans la ville de Bruges. Il fonda donc, par testament, des leçons de litté- rature, de philosophie et de théologie, nommant pour ses exécuteurs testamen- taires Corneille van Baersdorp et Jean Clayessone. Mais ses nombreuses libéra- lités avaient ébréché son avoir, et les exécuteurs furent sur le point d'aban- donner l'idée du testateur. Sur ces entrefaites, la reine Eléonore, ayant eu connaissance du fait, suppléa, par sa libéralité, à l'insuflisance des ressources de la fondation ; elle s'engagea à servir, au profit des chaires fondées par son ancien précepteur, la pension assez élevée qu'elle lui avait payée pendant

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DE WITTE

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sa vie. L'école fut inaugurée en 1541, sous la protection du magistrat de la ville : Georges Cassandre, devenu le pre- mier professeur, y prononça le discours d'ouverture. La chaire de théologie, successivement occupée par plusieurs savants dominicains tels que Husselius, De Jonghe, auteur du Belgium Domini- canum, Dulieu et Lefebvre, fut trans- férée plus tard au séminaire; les cours spéciaux, faute de fonds suffisants, furent supprimés, et la dotation affectée à des bourses aux universités de Douai et de Louvain.

De Witte repose, sous un mausolée de marbre, dans le chœur de l'église des Dominicains à Bruges; une inscription latine rappelle sa dignité épiscopale, ses différentes fonctions, sa libéralité et

sa pieie. Emile Varenbergh.

De Jonghe, Belgium Domiuicanum. Piron, hevensbescliryvingen. Biographie de la Flan- dre occidentale.

DE 1.VITTE (Jean), peintre flamand, dans la première moitié du xvie siè- cle. Ses œuvres ne sont guère connues, et les renseignements biographiques qui le concernent sont très-incomplets. Il jouis- sait cependant d'assez de renom, jadis, pour que le duc Christophe de Wurtem- berg fit, en 15 66, appel à son talent et le chargeât, conjointement avec Nicolas van Orley, d'orner de peintures le palais qu'il venait de faire construire à Stutt- gart. C'était cette même année que le duc d'Albe venait d'arriver aux Pays- Bas; et les deux artistes, frappés, par lui, de bannissement, durent se sentir heureux de trouver en Allemagne un asile, une protection et de fructueux labeurs. Ils continuèrent à rester au service de leur protecteur jusqu'au décès de celui-ci, survenu au mois de décem- bre 1568, et nous les retrouvons, dès 1569, à Cologne. Ils durent s'y séparer : Van Orley, par le fait de la condamna- tion qu'il avait subie, était suspect au magistrat ; .Jean De Witte, plus heureux ou plus habile, obtint l'autorisation de conserver sa résidence. 11 s'était fait admettre comme membre dans l'une des gildes d'artistes et avait, en outre, ma- nifesté son orthodoxie en consacrant

son pinceau à enrichir de quelque* tableaux les églises de la ville. Il ne pouvait j)lus, dès lors être accusé d'ieo- noclastie, et, grâce, tout à la fois, à ses œuvres et à sa prudence, il acquit, sans doute, promptement le droit de bour- geoisie.

Se maria-t-il, comme on l'a dit, à Cologne? Y mourut-il en laissant des descendants? Rien n'autorise jusqu'ici à l'affirmer. L'histoire des persécutions religieuses de cette époque apprend seu- lement qu'il y acquit assez d'influenca pour pouvoir agir utilement en faveur de ses compatriotes fugitifs ou exilés, et que c'est grâce à son intervention que son frère Josse et deux peintres des Pays-Bas, Gaspard Ruitz et François Hogenberg, furent autorisés à établiu leur domicile dans la ville rhénane , après avoir fait preuve de catholicité.

F. Stappaerts.

Messager des sciences historiques, -1862 (art. de M. Rahlenbeck).

DE 1.VITTE (Liévin), peintre, miniaT turiste, architecte, à Gand au com- mencement du xv;e siècle. Karel van Mander le classe dans la seconde caté- gorie des maîtres primitifs : « Habile artiste , dit-il , surtout dans les vue§ perspectives, la représentation des mo- numents, et dont on connaît un beau ta- bleau, celui de la Femme adultère, ainsi que plusieurs vitraux, placés à l'église Saint-Jean (actuellement Saint-Bavon) et composés par lui (die van zyne teel^e- ning waren). «

Un érudit de grand renom, Sanderug, parle de notre peintre avec plus d'éloges encore : Livimis De Witte, ■pictor famo- sus, mathematictis et architectus eiiain insignis fuit .

La notoriété ainsi acquise, depuis longtemps, au nom de De Witte n'a fait qu'augmenter de nos jours et, peut-être, les nombreux problèmes qui se ratta- chent à sa biographie y ont-ils contri- bué. L'imagination aime, en effet, à se donner pleine carrière quand il s'agit d'œuvres tout à fait supérieures ; elle s'inquiète fort peu alors du vrai, ni même du vraisemblable; or, la meilleure part des productions attribuées, contre

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toute probabilité, à notre peintre est renfermée dans le célèbre bréviaire du cardinal Grimani, appartenant à la bi- bliothèque de Saint-Marc à Venise.

On sait que ce bréviaire contient un grand nombre d'admirables miniatures dues à des maîtres flamands, attribution non-seulement appuyée sur le caractère et le style de ces peintures, mais encore sur l'assertion positive d'un auteur ita- lien, qui écrivait vers 1550, mais dont l'écrit n'a été publié qu'au commence- ment de ce siècle par l'abbé Morelli (1). D'après cet auteur, le bréviaire vendu pour cinq cents ducats au cardinal Gri- mani " était orné de beaucoup de minia- « tures par plusieurs bons maîtres, no- « tarament de la main de Zuan Memelin » (Memling?), de celle de Girardo da « Guant (Gérard Horebout?) et de celle •i de Livieno da Anversa (Liévin De . Witte?) .'

Bien qu'on ne s'explique guère com- ment ce dernier pouvait être qualifié d'Anversois, l'identité de|Liévin d'Anvers avec Liévin De Witte fut admise par quelques-uns des critiques d'art les plus érudits de l'Allemagne : Passavant , Waagen, Harzen. Passavant étendît même plus loin son système d'induc- tion : il prétendit reconnaître le style et le faire de notre maître dans une Adoration des Mages y signée A. W., initiales qui ne concordent guère avec les noms de Liévin De Witte et qui se retrouvent sur un autre tableau, la Ten- tation de saint Antoine (2). Les dates ne s'accordent pas mieux que les signatures pour confirmer cette paternité de l'ar- tiste; au contraire, elles fournissent im- médiatement des motifs fort plausibles de révoquer en doute sa collaboration

(\] Nodzie d'opere didt$eqno netlaprima meta del xçcoln XVI esistetiti in Padova, Creinoua, Milaiio, Pavia, Berf/amo, Crema, e Venezia, Scrilta da uno aiwiiiiiio di quel tempo. Bassaiio, 18UU, in-S".

(■2) Les anciens peintres flamands par Ciowe et Cavalcaselle, traduit de l'anizlais par 0. Dele- picrre. Les conciencieux auteurs de cet ouvrage ont montré plus de circonspection que les Alle- mand.}» Liévin pourrait être, disent ils, l'auteur de quelques-uns des panneaux dont nous venons d0 parler; mais on ne peut se dissimuler que jusqu'ici celle question est encore entourée de trop d'obscurités pour qu'il soit possible de la résoudre avec certitude. »

au bréviaire de Grimani. Il paraît établi que le cardinal le possédait dès l'année 1521; or, en admettant même qu'il ait été complété et achevé après l'acquisi- tion, l'âge de notre peintre, à cette épo- que, fait obstacle à ce qu'il pût être, en Italie, le collaborateur d'artistes déjà éminents et plus âgés que lui. L'n docu- ment d'une atithenticité incontestable dissipe sous ce rapport les dernières incertitudes : » Le 15 mars 1575, « Liévin De Witte, peintre de profes- » sion, comparut, à G and, devant les » échevins des Parchons et se disant « âgé de soixante-deux ans ou environ « {oud LXII ofte ontrend), fit un testa- " ment en faveur de sa servante Suzanne « De Bleecker pour les soins prodigués B à son frère Jean, décédé, et à lui- « même. Il lui faisait donation du tiers « de ses biens meubles et immeubles, « se disant grandement son obligé pour « les fidèles, incessants et bons services « que la susdite Suzanne lui avait renr u dus pendant dix-huit ans, sans gages « ni récompenses (3). «

Ce document, qui peint si naïvement les mœurs du temps, a été découvert aux archives de la ville de Gand par leur conservateur, M. Edmond De Busscher, et inséré dans son intéressant ouvrage sur les artises gantois. Il résulte dti texte cité que De Witte est vers 1513; l'expression restrictive : ou environ, qui accompagne sa déclaration ne la modifie guère, car elle était habituelle de son temps et fort motivée alors que les in- scriptions des naissances se faisaient avec beaucoup d'inexactitude.

Nous aurons indiqué tous les faits irré- cusables de la vie de Liévin De Witte si nous ajoutons à l'indication de son ori-

(3) Suzanne De Bleecker s'élant mariée arec Liévin de Perre. L. De Witte, par un acte passé le 9 décembre 1577 devant les mêmes échevins, déclara qu'il gratifiait les époux susdits de tout ce qu'il possédait à condition de le loj;er, nourrir et vêtir sa vie durant; de lui faire administrer les Saints Sacrements en cas de maladie, de faire ensevelir son corps en terre sainte, et célébrer un service funèbre convenable. Les donataires acceptèrent ces conditions ; mais deux mois après, le 4 février 1î)78, ils se i)résentèrent de nouveau devant les échevins et consentirent à l'annulation de laute. Pourquoi ? on l'ignore.

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gine flamande, aux dates approximatives de sa naissance et de sa mort, la mention de la commande qui lui fut faite officiel- lement, en 1538, par la ville de Gand, de peindre l'étendard de la chambre de rhétorique la Fontaine de la Sainte-Tri-

tlîte. F. Stappaerts.

Ed. De Busscher, Recherches sur les peintres et sculpteurs a Gand. Waagen, Histoire de la peinture flamande. Alfred Michiels, Histoire de la peinture flamande, t. III et Y.

DE iiViTTE (Pierre), dit Candido. Cet artiste naquit à Bruges en 1548 et mourut à Munich en 1628. On manque de détails sur ses premières études, ainsi que sur les circonstances biographiques qui concernent son existence à Bruges. On sait seulement que, très-jeune encore, et se sentant entraîné vers l'étude des arts, il partit avec toute sa famille pour l'Italie. C'est à Rome, à Florence et à Munich que s'écoula la vie du célèbre Brugeois ; c'est qu'il s'illustra à la fois comme peintre, comme sculpteur et comme architecte. A son arrivée à Flo- rence, Yasari, avec qui il s'était mis en relation, l'employa à la fameuse coupole de Santa-Maria del Fiore; il le fit tra- vailler également à Rome, il s'oc- cupa sous les ordres du pape. Après quoi, le grand-duc de Toscane attacha l'artiste brugeois à sa cour : c'est de cette époque que datent les cartons que De TTitte dessina pour tapisseries; c'est à cette époque aussi que, pour se confor- mer au goût italien, il se fit appeler Catidido, nom sous lequel sont signés beaucoup de ses ouvrages, loués par Yan Mander, qui l'a connu. Il peignait à fresque de préférence à l'huile, trouvant dans ce genre de peinture une liberté et des allures qui convenaient particulière- ment à la fougue de ses idées. L'élec- teur de Bavière, Maximilien, qui voya- geait en Italie et qui s'était passionné pour l'architecture, rencontra Pierre De Witte et le prit sous sa protection. Devenu roi, il voulut doter sa capitale d'un palais digne de lui. Ce monument, connu sous le nom de Palais de l'électeur, est considéré comme une des plus belles constructions de l'époque : il fut com- mencé en 1600 et terminé en 1616.

L'histoire fait à l'artiste brugeois l'hon- neur d'en avoir dressé les plans en collaboration sans doute de Maximilien, qui avait en architecture des connais- sances sérieuses. Cette superbe résidence porte partout les traces du génie mul- tiple de Pierre De Witte. M. Hippolyte Fortoul, qui l'a décrite et étudiée, rend hommage à l'artiste créateur et exécu- teur, qu'iln'hésite pas à appeler le grand Candido. L'escalier, qui est un chef- d'œuvre d'architecture et de sculpture; les cours, les grottes, les fontaines, ornées de statues mythologiques, allé- goriques et historiques; les dessins de jardins, pavillons, temples, toutes les décorations, sont l'œuvre de notre artiste, qui a inscrit son nom sur la rampe de l'escalier et dont le souvenir, comme le talent, du reste, se retrouve partout dans cette merveilleuse construction. En 1607, Maximilien éleva un oratoire ruisselaient l'or, les bijoux, les mosaïques et les pierres les plus précieuses, ainsi que des reliquaires du travail le plus somptueux. De Witte dut avoir sa part dans ce petit monument d'une richesse inouïe, et dont les peintures lui sont attribuées. A Munich, il exécuta le su- perbe monument de marbre et de bronze élevé par Maximilien à Louis lY, mo- nument composé de seize figures co- lossales où l'on peut apprécier le gétiie et le talent du maître. Il donna aussi les plans de la colonne en marbre rouge érigée dans la même ville en souvenir de la victoire remportée par Maximilien près de Prague sur Frédéric Y. Ce fut vers ce temps que se produisit le mou- vement artistique considérable qui ca- ractérise aujourd'hui encore la Bavière; aussi peut-on revendiquer une bonne part de cette situation en faveur de notre illustre Pierre De Witte, à peine connu dans sa patrie, mais dont le nom est très-populaire à Munich, on l'appelle Peter Weisse et les Bavarois préten- dent qu'il est né.

Comme peintre, notre artiste a laissé un nombre considérable de tableaux, dont la longue liste a été dressée par Heinecke et Michel Huber. Cette liste n'est pas complète : elle ne renferme que

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les tableaux gravés par les Sadeler. In- dépendamment des peintures que l'on connaît de lui, nous signalerons, àl'église Notre-Dame à Munich, une composition représentant une Réunion de saints; aux Eécollets de la même ville, une Sainte Ursule avec ses compagnes et au musée de Berlin, une Annonciation. Parmi ses dessins de tapisseries, on a conservé le souvenir de plusieurs grands sujets qu'il y avait fait figurer. Ces sujets représen- taient les exploits de Ottho de Wittels- bach, et le Départ de Louis IV en 1327 pour Rome. C'est grâce au graveur Ch.-G. Amling que ses compositions ne sont point perdues, comme le sont les vastes peintures murales que De Witte avait exécutées au palais de Maximilien, peintures recouvertes aujourd'hui de plâtre et de badigeon. De Witte était un peintre savant dans toutes les bran- ches de l'art ; il connaissait particulière- ment la perspective et excellait dans la décoration des monuments. Son style est essentiellement italien. Pour le colo- ris, il surpasse son maître Vasari et se rapproche du Parmesan. Il y a de la grâce dans ses modèles, du charme dans les attitudes de ses personnages, parti- culièrement dans les airs de tête. Un érudit belge, M. C. Carton, dit qu'on voit, à la Pinacothèque de Munich, des tableaux du peintre flamand : nous les y avons vainement cherchés. Comme sculpteur et comme architecte, les con- ceptions de Pierre De Witte sont grandes, hardies, élégantes et empreintes du sou- venir des maîtres qu'il avait si ardem- ment étudiés en Italie.

La Biographie tiniverselle lui attribue par erreur les dessins des Ermites de Bavière gravés par les Sadeler : ces des- sins sont de Martin De Vos.

Pierre De Witte avait un frère nommé Corneille, qui faisait partie des gardes du corps du duc de Bavière, et peignait le paysage avec succès, vers 1.573, s'il faut en croire Van Mander. Enfin, il a laissé un fils, Guillaume, à Munich en 1585; celui-ci fut un peintre de talent et porta le titre de peintre de l'électeur.

Il y eut à Bruges, en 1577, un fiilles De Witte, sculpteur, qui exécuta le

monument de messire JeanDe Schietere. On voit encore cette œuvre à l'église de Saint-Sauveur à Bruges et l'on croit que ce Gilles fut le père de Pierre.

Ad. Siret.

oi: irVoiiF (Josse), poète flamand, à Nazareth (Flandre orientale), le 16 jan- vier 1747. On ignore les principales circonstances de sa vie; on sait seule- ment que, prêtre et bachelier formel en théologie, il fut nommé, le 37 novembre 1773, professeur au collège de Gand, fondé sous Marie-Thérèse, lors de la suppression des jésuites.

On lui doit un grand nombre de poésies à la manière de Cats, écrites dans un style simple, dépourvu de fard, fait pour être compris par tous les genres de lecteurs, et d'une versification assez cor- recte, bien que les expressions manquent parfois de justesse. La collection de ces poésies forme environ douze à quatorze volumes in-S». Voici quelques-unes de ces œuvres : Den vreugd en vriichtwek- Jcende Theater van Apollo. Gend, 1778, 5 volumes in- 8°. Recueil de pièces sur divers sujets de morale et de philosophie; ce premier ouvrage de l'auteur est encore fort répandu. 2o Astrcea, de waerheyd zoekende Dienst-Maegd , verzelt door den onvlucMbaren laster der weireld. Verrykt met wonderhaere historien, Ucîdgevende fabelen. Gend, 1778, in-80. 3o Ben goddelyken PhilosopJi ofte minnaer der oprechte wyshegd. Gend, 1778, in-80. En vers héroïques, dédié à Vandevyver, échevin de ïermonde. 4o La réno- vante Pucelle de Gand. En trois chants. Gand, 1779, in- 8". Poëme curieux, mais ridicule, écrit dans un style prétentieux et boursouflé. C'est la seule production écrite en français. Il a publié le même ouvrage en vers flamands. h<^ De Herscheppingen van Ovidius. In rvm ge- steld door J. De Wolf. Gend,' 1779, in-80. Historié van het Oud Testa- ment. In helden veerzen. Gend, 1780, in-80. 70 Historié vati het nieuw Tes- tament. In heldon veerzen. Gend, 1730, in-80. %o Ramozangen en hrieven van den ellendigen halling Publius Ovidius Naso. In helden veerzen. 9o I^even der Herdereii door Vii'gilius, vrtjpostig

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